Prata, ouro e ferro em Simondon (2008 [1958])
Aux XVIII et XIX siècles paraissent de nombreuses encyclopédies inspirées par le développement des sciences et des techniques. Arrêtons nous un instant sur « l’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers » de D’Alembert et Diderot (1751-1772). Dans le discours préliminaire du tome 1 de l’Encyclopédie les auteurs exposent ce que sera leur “système figuré des connaissances humaines”. Figuré car “il y a des choses difficiles à exprimer d’une manière intelligible autrement que par figures”. Quant à la systématique, elle repose sur une dialectique arts libéraux-arts mécaniques et, pour les arts mécaniques — et c’est ce qui fait l’originalité mais aussi la difficulté et même la tare du système — des enquêtes sur le terrain, près des artisans. Donc la systématique sera celle des corps de métiers. Par exemple dans les arts et métiers manufacturiers on rencontre « les travaux usuels de l’or et de l’argent, les travaux et usages du fer avec les grosses ferrures, les serruriers, les taillandiers, les armuriers, les arquebusiers » etc… Du fait de cette option, les auteurs laissent échapper ce qui aurait pu être présenté comme principes généraux communs à plusieurs technologies (principes généraux du travail du fer) dont certains étaient déjà connus et présentés comme tels. D’ailleurs le terme de technologie n’apparaît que deux fois dans l’Encyclopédie, au tome 2, (avec une référence au système de classification de l’Abbé Girard (1748) : la technologie est constituée par les écrits qui rassemblent “tout ce que jusqu’alors on laissait à la pratique le soin de conserver”. (Simondon 2008 [1958]:273)
SIMONDON, Gilbert. 2008 [1958]. Du mode d’existence des objets techniques. Paris: Aubier.