Paládio em Durkheim (2008[1912])
Un premier rite de ce genre ressemble de très près à ceux qui viennent d’être étudiés. On se rappelle comment, chez les Arunta, chaque groupe local attribue des vertus exceptionnellement importantes à sa collection de churinga: c’est un palladium collectif au sort duquel le sort même de la collectivité passe pour être lié. Aussi, quand des ennemis ou des blancs réussissent à dérober un de ces trésors religieux, cette perte est-elle considérée comme une [383] calamité publique. Or ce malheur est l’occasion d’un rite qui a tous les caractères d’un deuil: on s’enduit le corps de terre de pipe blanche et on reste au camp pendant deux semaines à pleurer et à se lamenter [Nota de rodapé 272: Nat. Tr., pp. 135-136]. C’est une preuve nouvelle que le deuil est déterminé non par la manière dont est conçue l’âme du mort, mais par des causes impersonnelles, par l’état moral du groupe. Voilà, en effet, un rite qui, par sa structure, est indistinct du deuil proprement dit et qui, pourtant, est indépendant de toute notion d’esprit ou de démon malfaisant [Nota de rodapé 273: Sans doute, chaque churinga passe pour être en rapports avec un ancêtre. Mais ce n’est pas pour apaiser les esprits des ancêtres qu’on porte le deuil des churinga perdus. Nous avons montré d’ailleurs (p. 173) que l’idée d’ancêtre n’est intervenue que secondairement et après coup dans la notion du churinga.]. (Durkheim 2008[1912]:382-3)
DURKHEIM, Émile. 2008[1912]. Les formes élémentaires de la vie religieuse. Livre 3. Chicoutimi: Les Classiques des Sciences Sociales.